Quiconque rencontre Martin Gabriel pour la première fois le comprend rapidement : il collabore avec quelqu’un qui conçoit l’espace de vie comme un projet, alliant art, technologie et logique quotidienne. Pas de spectacle superflu, pas de surcoût mode. Il privilégie une planification précise, des matériaux nobles et des solutions durables. Nombre de ses projets se situent en Suisse, entre relief alpin, quartiers urbains denses et sites riverains. C’est précisément là que culture architecturale et qualité de vie s’opposent souvent.
Un profil entre la culture du bâtiment et la réflexion sur le produit
Martin Gabriel n'est ni un architecte traditionnel ni un pur designer d'intérieur. Il allie planification, savoir-faire et outils numériques. Chaque appartement, chaque maison, est conçu comme un produit, avec une vision claire : que doit-il offrir à l'espace ? Quel effet doit-il procurer ? Quel doit être son confort d'utilisation ? Quelle doit être sa facilité d'entretien ? Quelle doit être son efficacité énergétique ?
- Il travaille sur les agencements, les proportions et l’éclairage avant de sélectionner le premier matériau.
- Il calcule les coûts du cycle de vie au lieu des simples prix d’achat.
- Il modélise en 3D, simule la lumière du jour et la charge de chauffage et teste des variantes avec des données réelles.
Ça paraît sobre. Mais le résultat est étonnamment poétique.
La Suisse comme scène : règles, qualité, précision
Les projets de construction suisses respectent des normes strictes. Cela peut paraître bureaucratique, mais cela simplifie beaucoup de choses si l'on s'y prend correctement.
- Normes SIA : Elles déterminent tout, des définitions de zone aux tolérances, et constituent le fil conducteur de la statique, des services de construction et de l'exécution.
- Minergie et GEAK : des normes énergétiques et des certificats de construction qui rendent les décisions d’urbanisme concrètes.
- Permis de construire : les procédures, les délais et la participation des riverains varient selon les cantons. Un dossier bien structuré permet de gagner du temps et d'éviter le stress.
Gabriel utilise cette structure comme une opportunité. Ceux qui documentent clairement dès le début gagnent. Ceux qui expliquent les matériaux et les détails gagnent doublement : les clients obtiennent des éclaircissements et les autorités acquièrent des bases solides.
Principes de conception : calme, structure, surprise
Les pièces agréables à vivre sont ordonnées. Loin d'être rigides, elles sont naturelles. Trois principes guident nombre de ses créations :
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Réduction au fonctionnel
Chaque élément a sa fonction. Des portes coulissantes qui relient les espaces. Des armoires encastrées qui intègrent l'espace de rangement. Des meubles qui jouent avec les axes du plan. -
La matière comme histoire
Chêne, frêne, mélèze. Calcaire du Jura, quartzite de Vals, béton apparent. Tous les matériaux sont étudiés en fonction de leur toucher et de leur vieillissement. Une cuisine peut s'user un peu. Un sol doit se patiner avec élégance. -
La lumière comme architecture
La lumière du jour oriente. L'éclairage apporte des accents. Blanc chaud le soir, neutre sur le lieu de travail. Un agréable chauffage par panneaux radiants améliore le climat intérieur. Les stores vénitiens remplacent l'éblouissement constant, les reflets diffus au plafond remplacent l'excès de spots.
Le processus de projet qui fonctionne
De l'idée à la remise des clés, ses projets de maison suivent un schéma rigoureux :
- Besoins et image cible : entretien, routines quotidiennes, espace de stockage, préférences technologiques, fourchette budgétaire.
- Topographie et inventaire : nuage de points, canalisations, structure porteuse, physique du bâtiment.
- Étude de variantes : 2 à 4 options de plan d'étage, humeur matérielle, conséquences de l'investissement.
- Avant-projet et estimation des coûts : logique des phases SIA, concept TGA, planning approximatif.
- Soumission de bâtiment et planification détaillée : plans, coupes, tuyauterie, éclairage.
- Exécution et contrôle qualité : maquettes, échantillonnage, facturation à l'état d'avancement.
- Remise des clés et réadaptation : Ajustement saisonnier des prestations du bâtiment, coaching des utilisateurs.
Cela peut paraître formel, mais dans la pratique, cela conduit à moins de compromis aux mauvais endroits.
Trois scénarios exemplaires
Rénovation urbaine à Zurich
Un bâtiment d'époque de 80 m² situé dans le 4e arrondissement, avec une hauteur sous plafond de 3,10 mètres. L'objectif : une ouverture sans l'aspect loft. La solution : deux panneaux coulissants du sol au plafond relient la cuisine et le séjour si nécessaire, absorbant ainsi le bruit tout en conservant les proportions existantes. Une baguette de bois multifonctionnelle abrite les appareils électroménagers, une armoire et un meuble de rangement. Les services du bâtiment sont intégrés dans une ossature acoustique.
Résultat : 30 pour cent d'espace utilisable en plus, une qualité de l'air sensiblement meilleure, GEAK A pour l'appartement.
Maison mitoyenne au bord du lac Léman
Une famille souhaite des chambres calmes et un rez-de-chaussée animé. Gabriel divise les zones grâce à des surfaces acoustiques et un éclairage performants. Un sol en pierre naturelle, sans jointure, s'étend de l'entrée à la cuisine, surplombé par un plafond à lattes léger, diffusant la lumière et dissimulant les câbles. Des commandes intelligentes, certes, mais sans artifice technique : les scènes sont limitées aux situations du quotidien.
Inconvénient identifié et résolu : la couverture Wi-Fi et les fonctions KNX étaient initialement incompatibles. Une dorsale câblée et une structure VLAN claire ont apporté la stabilité.
Maison de vacances à Prättigau
Une construction en bois à la géométrie épurée. Mélèze à l'extérieur, frêne à l'intérieur. Un module de poêle central sert de stockage de chaleur, flanqué d'une petite pompe à chaleur et d'un système photovoltaïque. De grandes fenêtres orientées au sud offrent de l'ombre et de profondes ouvertures. À l'intérieur, pas de kitsch chalet, mais plutôt une chaleur textile et des détails artisanaux. Tout est économe en énergie en hiver et rafraîchi naturellement en été.
Une culture matérielle qui dure
Tous les supports ne tiennent pas leurs promesses marketing. Gabriel les classe en trois catégories :
- Matériaux principaux : bois massif, pierre naturelle, enduit à la chaux, brique, béton apparent de haute qualité.
- Secondaire : Matériaux à base de bois avec liant à faible émission, terrazzo, céramiques grand format.
- Tertiaire : Matériaux composites qui ont du sens dans certains domaines s'ils sont robustes et maintenables.
Avantages des matériaux de base : réparabilité, durabilité et esthétique intemporelle. Cela permet de réduire la rotation des espaces, car il n'est pas nécessaire de les rénover tous les cinq ans. Une solution gagnante, tant sur le plan économique qu'écologique.
La technologie avec le sens des proportions
La maison connectée n'est pas une fin en soi. Ce qui compte, c'est le bénéfice. Les règles de Gabrel :
- Éclairage : Scènes pour les repas, le travail et les soirées. Présence dans les pièces adjacentes, sinon fonctionnement manuel. DALI ou Casambi pour plus de flexibilité.
- Climat : Un mélange de chauffage par le sol, de régulations individuelles et d'une enveloppe de bâtiment performante. Capteurs de fenêtre au lieu d'une climatisation permanente.
- Sécurité : Détecteurs de contact aux entrées, caméras uniquement en cas d'absolue nécessité. Systèmes hors ligne privilégiés.
- Données : Câbles réseau dédiés dans les zones de travail et multimédia. Wi-Fi pour les appareils mobiles, mais ne l'utilisez pas comme dorsale.
- Serveur : Petit, silencieux et fiable. Open source autant que possible pour garantir l'indépendance des utilisateurs.
Il aime à dire : la technologie devrait calmer, et non pas exiger constamment de l’attention.
Les coûts de structure sont clairs
La transparence commence par le budget. Gabriel divise les postes budgétaires en trois grands blocs :
- Structure et enveloppe du bâtiment
- Technologie et infrastructure
- Agrandissement et ameublement
Exemples de plages pour la Suisse, hors territoire :
- Rénovation d'un appartement, 70 à 120 mètres carrés : 1'200 à 2'600 CHF par mètre carré
- Transformation d'une maison individuelle : CHF 1'800 à 3'200 par mètre carré
- Construction neuve en bois : 2'800 à 4'800 CHF le mètre carré
Ces fourchettes dépendent fortement de l'emplacement, de la stabilité structurelle, des normes de finition et des contraintes de temps. Un budget minimum de 10 à 15 % est plus réaliste que tout calcul ostentatoire.
Tableau : Comparaison des types de projets
Type de projet | Zone | Gamme de prix CHF/m² | Planification de la durée | Durée des travaux | Norme énergétique | Aspect CO2 brut* |
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Rénovation de logements en ville | 70–120 m² | 1 200 à 2 600 | 6 à 12 semaines | 8 à 16 semaines | GEAK B à A | moyen, très dépendant de l'utilisation |
Transformation de maisons unifamiliales dans l'agglomération | 120–180 m² | 1 800 à 3 200 | 8 à 14 semaines | 12 à 24 semaines | Modernisation Minergie | moyen, amélioration par la couverture |
Construction neuve en bois à la campagne | 150–220 m² | 2 800 à 4 800 | 12 à 20 semaines | 6–9 mois | Minergie-P | faible à moyen, selon la PV |
Revitalisation du chalet | 90–160 m² | 2 000 à 3 800 | 10 à 16 semaines | 4 à 8 mois | GEAK C à A | milieu, transport dominant |
*Estimation du choix des matériaux et de la source d'énergie, il ne s'agit pas d'une ACV certifiée.
Une rénovation soignée plutôt qu'un démantèlement radical
De nombreux bâtiments anciens présentent des qualités impossibles à reproduire : proportions, divisions des fenêtres, détails des escaliers. Gabriel travaille selon le principe d'une intervention minimale pour un effet maximal :
- Réorganiser les installations, pas partout.
- Interventions porteuses uniquement si elles sont fonctionnellement cruciales.
- Entretenir les surfaces avec de la substance et les compléter de manière ciblée.
Cela préserve l’âme et la valeur, tout en améliorant sensiblement l’efficacité énergétique.
La durabilité sans lever le petit doigt
Pour Gabriel, l'écologie n'est pas une étiquette, mais un calcul de cycle de vie. Trois leviers agissent immédiatement :
- Moins de matériel, mais du meilleur matériel.
- Une technologie de construction bien planifiée qui fait ce qui est nécessaire.
- L'entretien et la réparation sont pris en compte.
On oublie souvent le comportement des utilisateurs. Les pièces dotées d'une logique de fonctionnement intuitive sont utilisées de manière plus économe en énergie. Un plan de commutation clair a plus d'impact qu'une dixième application.
Coopération avec l'artisanat et l'industrie
Les bons projets reposent sur les personnes sur le chantier. Gabriel implique les corps de métier dès le début :
- Menuiserie : prototypes, chants, joints, motifs de surface.
- Ingénierie électrique et technique du bâtiment : tracés de câbles, accès de maintenance, réserves sécurisées.
- Peinture et enduit : surfaces d'échantillonnage, résistance des couleurs, tests de nettoyage.
- Travail de la pierre naturelle : traitement des bords, motif d'appui, motif de joint.
La transparence des appels d'offres renforce la confiance. Paiements basés sur des étapes, contrôles qualité avec listes de contrôle et résolution rapide des écarts. Pas de microgestion, mais des responsabilités claires.
La planification de l'éclairage, un facteur de changement sous-estimé
De nombreux espaces de vie sont éblouissants de lumière et pourtant sombres. Comment concilier tout cela ? Un éclairage inapproprié, des hauteurs inadaptées, des fonctions floues. L'approche de Gabrel :
- 300 à 500 lux pour le travail, 100 à 200 lux pour la détente.
- Éclairage indirect du plafond au lieu de spots sur toutes les surfaces.
- Blanc chaud 2700 à 3000 Kelvin dans les pièces à vivre, 3500 à 4000 Kelvin pour les zones concentrées.
- Circuit multicouche : base, accent, tâche.
Le résultat paraît calme et naturel. C'est précisément pour cela qu'il est mémorable.
Acoustique : la paix est un luxe
Le bruit n'est pas un problème propre aux immeubles. Il est causé par les bruits parasites, les couloirs résonnants et les cuisines ouvertes avec leurs cliquetis. Solutions :
- Surfaces textiles, panneaux acoustiques en fibres de bois, absorbeurs ciblés.
- Meubles avec parois arrière acoustiquement efficaces.
- Panneaux coulissants avec verre feuilleté et joints cachés.
Effet : La sociabilité demeure, l’effort diminue. Les conversations sont plus claires, la musique sonne mieux, les bruits d’enfants perdent de leur mordant.
Planification numérique, exécution analogique
Les maquettes BIM facilitent la gestion des conflits et des quantités. Les rendus clarifient les ambiances. Mais la décision finale se prend généralement avec la maquette. Un angle avec les matériaux réels, une ambiance lumineuse, une poignée agréable au toucher… Ces échantillons évitent les mauvaises surprises sur le chantier.
Les pièges courants et comment Gabriel les évite
- Un calendrier trop serré : délais de livraison, de séchage, autorisations. Mieux vaut être réaliste qu'optimiste.
- Choisissez des matériaux en fonction d'images et non de surfaces de test : testez le toucher, l'entretien et les dommages dans la vie de tous les jours.
- Technologie sans concept de réseau : commutateurs, VLAN, stratégie PoE, alimentation de secours.
- Budget sans réserves : Au moins 10 pour cent de marge.
- Aucun plan de maintenance : changements de filtres, mises à jour d'applications, contrôles de joints, joints.
Un aperçu de l'atelier : sa gamme de matériaux préférés
- Bois : Frêne pour la lumière et le calme, chêne pour la profondeur, mélèze pour l'extérieur.
- Minéral : Calcaire chaud du Jura, quartzite robuste de Vals et terrazzo à joints minimaux.
- Métal : Aluminium anodisé pour les détails, acier inoxydable brossé dans les zones humides.
- Surfaces : Bois huilé au lieu de vernis épais, peinture à la chaux au lieu d'aspect plastique.
Cette palette ne produit pas de monotonie, mais plutôt un ton de base calme dans lequel l'individualité devient soudainement visible.
Économie d'espace dans les petits appartements
Les petites zones peuvent être considérées comme grandes :
- Utilisez la profondeur des murs : placards, technologie, niches.
- Solutions coulissantes au lieu de portes battantes.
- Meuble polyvalent, mais uniquement là où il est réellement utilisé au quotidien.
- Des reflets et des surfaces de plafond lumineuses au lieu d'une lumière vive.
Gabriel planifie souvent une seule bande multifonctionnelle réunissant la cuisine, les rangements et les médias. Le reste reste ouvert et flexible.
Droit et voisinage
Les riverains doivent être impliqués dès le début, notamment lors d'extensions de toiture ou de modifications de façade. Des visualisations, des études d'ombre et des mesures techniques claires pour réduire le bruit et la visibilité favorisent l'acceptation. Une documentation claire, incluant les références SIA et les concepts de protection incendie, accélère le processus.
L'entretien facile ne rompt pas avec le style
Rien contre les pierres spectaculaires. Mais pour en profiter longtemps, il est important de planifier son entretien avec réalisme. En cas de doute, la robustesse est toujours de mise :
- Du savon et de l’huile au lieu de produits chimiques spécialisés.
- Housses amovibles au lieu de coussinets jetables.
- Ferrures réparables et rails sans grincement.
La beauté qui pardonne dure plus longtemps.
Trois brèves notes de projet
- Bâtiment ancien à Berne : enduit à la chaux au lieu de plaques de plâtre dans la salle de bains. Plus de rétention d'humidité, une sonorité agréable et moins de joints de carrelage.
- Studio mansardé à Lucerne : une lucarne légèrement agrandie permet une meilleure gestion de la lumière et un plafond lumineux. Un gain d'espace apparent sans rénovation majeure.
- Maison mitoyenne à Bâle : Sous-sol optimisé pour la buanderie et le cellier, avec cuisine insonorisée au-dessus. Sensiblement plus silencieux.
Pourquoi les clients reviennent
Non pas pour une esthétique unique. Mais parce que les projets paraissent soignés, parce que les décisions sont transparentes, parce que les taux de défauts restent faibles, parce que les espaces fonctionnent au quotidien. Et parce que les questions détaillées ne disparaissent pas dans les e-mails, mais sont résolues.
Liste de contrôle pour un bon départ
- Objectifs d'enregistrement : fonctions, humeurs, fourchette budgétaire avec tampon.
- Scanner les structures existantes : canalisations, structure porteuse, humidité, son.
- Autoriser les variantes, mais les limiter dans le temps.
- Planifiez des maquettes et documentez les décisions.
- Concept de réseau avant la planification électrique.
- Rédigez un plan d’entretien et de nettoyage avant de commander.
Prochaines étapes pour les personnes intéressées
Quiconque planifie un projet en Suisse devrait clarifier le cadre dès le début : quelles autorisations sont requises, quelles normes s'appliquent et quel est le calendrier prévu. Une discussion initiale avec des questions claires permet d'évaluer l'ampleur du projet :
- Qu’est-ce qui doit absolument être nouveau et qu’est-ce qui peut rester ?
- Quelles tâches la technologie assume-t-elle et lesquelles l’architecture assume-t-elle ?
- Quel est le montant réaliste de la marge de manœuvre en termes de temps et d’argent ?
- Quels matériaux peut-on patiner et lesquels ne le peuvent pas ?
C'est ainsi qu'une idée devient un plan, et un plan devient un espace dans lequel vous aimez passer du temps chaque jour.